Ils m’ont raconté – et je fais confiance à la source – un épisode peu édifiant qui s’est déroulé immédiatement après la course de Silverstone dans le garage des vainqueurs. Une partie du staff Ferrari aurait refusé, du moins dans un premier temps, d’assister à la cérémonie du podium et aux habituelles photos. Si c’est vrai, comme je le crains, ce n’est pas bon signe. Un peu de saine rivalité dans le garage c’est bien, chaque mécanicien et chaque technicien doit encourager « son » pilote, mais l’intérêt commun doit être de viser la victoire. La course et puis, bien sûr, aussi le championnat du monde, voire le championnat du monde. Spielberg s’appelait autrefois Zeltweg (en fait, le changement de nom est une question administrative) et certainement pas A1-Ring ou Red Bull Ring. Je me souviens des temps du virage initial, beau mais dangereux, et je me souviens même de l’exploit de Brambilla en ’75. La piste d’aujourd’hui a perdu un peu de ce charme, mais elle est toujours passionnante : et surtout elle se prête bien à ces duels serrés qui font désormais le quotidien des Grands Prix, même si la direction internationale préfère diffuser les replays en direct.
Je me souviens aussi, même si vingt ans ont passé, du rugissement de la salle de presse lorsque les trois premiers arrivés de l’édition 2002 sont entrés dans l’après-GP. Le cri le plus fort était « Confiture» Et la prononciation sans équivoque brésilienne. Jam, en portugais sud-américain, est plus ou moins l’équivalent de notre « biscuit« . Et les médias Brésiliens ils étaient indignés, voire en colère, allez des matchs d’équipe clairement perpétrés contre Barrichellocontraint en finale de céder sa place à Schumacher »pour ze sciampionscip», comme le suggérait drastiquement Jean Todt depuis le mur. Je me souviens que la veille Rubens, après avoir décroché la pole, était entré dans la même salle et, par erreur, s’apprêtait à prendre la place réservée au deuxième. « Non – Je lui ai dit – c’est pour demain« . Et je jure que je ne savais rien.
C’est bien vrai que les journalistes, en fait nous journalistes, ne sommes jamais contents. Aujourd’hui que les jeux d’équipe sont une réalité certifiée, on se plaint de ce qui est arrivé à Silverstone, ou la non-application (rapide) de ce qui précède. Mais il faut aussi dire qu’il y a vingt ans, le GP d’Autriche se déroulait en mai et était la sixième manche d’un championnat du monde de 17 courses. Comme pour dire qu’après un peu plus d’un tiers de la saison, après la victoire parfumée à la confiture, Schumacher avait exactement le double des points de Montoya, deuxième du classement : 54 contre 27. Et puis les points n’ont pas été attribués à la pelle, comme aujourd’hui, même si l’écart entre premier et deuxième était proportionnellement plus grand : quatre points – 10 à 6 – contre 7 aujourd’hui. Mais chiffres mis à part, la supériorité technique des Rouges de cette année-là était même gênante (pour les autres) : à tel point que le titre Pilotes arrivait déjà en juillet, à Magny-Cours.
Bref, de ces 4 points, alors, peut-être n’était-il pas nécessaire; d’autant plus que les jeux d’équipes sont officiellement interdits et que le chef du mur Ferrari – celui de l’époque – interpelle clairement la FIA, ainsi que les médias internationaux. Venir gronder publiquement l’un des noms les plus titrés du journalisme italien – ce qui n’était évidemment pas moi – lors de la prochaine course. Mais il y avait pire : dans l’hebdomadaire pour lequel je travaillais, quelqu’un qui en savait long – et encore une fois ce n’était pas moi – écrivait que Ferrari serait pénalisé de 10 points est-ce « dans l’ensemble ça va« . Malheureusement, ce n’était pas vrai, l’équipe n’a été condamnée qu’à une amende et je regrette de ne pas avoir d’enregistrement de l’appel téléphonique que Luca di Montezemolo a passé au directeur à l’époque. Puis il y a un autre épisode, beaucoup moins sensationnel mais toujours autrichien : quatre ans plus tôt, en 1998, Eddie Irvine il avait cédé la troisième place à Schumacher, encore une fois en vue de sciampionscip. En raison d’une panne de frein hypothétique et imaginative et avec beaucoup d’affichage, pour éviter tout doute, du panneau « P4 » sur le mur des stands.
Quoi qu’il en soit, c’était un autre mur. Mais aujourd’hui, comme je le disais il y a deux jours, il y en a qui le regrettent. L’arrogance de Todt était aussi irritante que la banalité de tant de ses déclarations ; mais ses directives très claires et jamais remises en question. Et les résultats, eh bien, parlaient d’eux-mêmes. Aujourd’hui, cependant, la « jeune équipe » semble souvent lutter à la recherche d’un leadership qui n’arrive pas ou ne se fait pas sentir, à commencer par la présidence. Plus encore que l’épisode très commenté de l’échec du retour aux stands de Leclerc, même les connaisseurs sont perplexes face à ces dix tours où Charles, plus rapide, a demandé un passage et le mur s’est tu (et on ne pouvait imaginer qu’alors il arriverait la voiture de sécurité pour regrouper tout le monde).
Si je pouvais faire une suggestion, je dirais de mettre derrière une course qui, comme un retour d’image, semble avoir transformé une victoire en défaite. Il suffit de regarder les commentaires sur le profil FB de la Scuderia. Pour cet écrivain, les médias sociaux sont une épine à cet endroit ; mais ils existent et les négliger aujourd’hui n’est pas toujours une bonne politique. Donc, je disais, si je pouvais faire une suggestion, je penserais d’abord à pour soigner ce climat tout sauf serein qui semble s’être installé au sein du GeS.
Mais alors, comme dirait Charles Leclerc, qui suis-je pour faire des propositions ? L’important est de sauvegarder le résultat final, sinon il pourrait être difficile d’expliquer au monde ce qui s’est passé. Surtout pour une communication qui réside à Maranello mais, à son plus haut niveau, ne parle pas italien.