F1, GP Montréal : les bulletins des meilleurs
1. Alex Albon. Le jour où Verstappen franchit une étape importante vers le mont Rushmore de Formule 1, l’une de ses anciennes victimes prend une nouvelle revanche. Alex Albon a failli perdre sa carrière à la poursuite du Dominus. Il n’y parvint pas, mais d’ailleurs aucun de ceux qui eurent le malheur de trouver Max dans l’équipe n’y parvint. Un an de détox et ça brille à nouveau. Bien sûr, la vitrine est ce qu’elle est, mais Albon prouve qu’il mérite une autre chance : pas chez Red Bull sinon il se retrouve à nouveau dans le hachoir à viande, mais tout va bien dans une équipe de milieu de gamme.
2. Nico Hulkenberg. Oh oui, ce GP est dédié à la classe ouvrière qui va au paradis. Deuxième place sur la grille « sur le terrain » : un exploit ? Oui, mais jusqu’à un certain point : au milieu des qualifications de cette année, Hülkenberg est passé en Q3. Et il conduit la Haas, tandis que Magnussen (celui qui a toujours eu le pied lourd sur un tour rapide) marche souvent et volontiers. Puis, en course, il a été détruit par une voiture de sécurité qui est sortie quelques minutes après son arrêt, mais cela n’a pas annulé la qualification en tant que numéro 1.
3. Ferrari, la meilleure. Pour cette fois, je voudrais accorder à la même équipe une place dans le meilleur comme dans le pire. Comme dans toutes les périodes de transition, il y a quelque chose à sauver et autre chose à améliorer : le rythme, par exemple, était excellent. Bien sûr, la dégradation à Montréal n’est pas élevée, mais elle n’aurait pas dû l’être à Monte-Carlo non plus, et pourtant même là, Ferrari s’est effondrée verticalement. Quelque chose que Ferrari aurait vraiment pu trouver : je ne le dis pas, mais Leclerc. Serait-ce l’effet Fata Morgana provoqué par les premières chaleurs ? Pas tant Spielberg que Silverstone seront le test décisif des mises à jour apportées en Espagne. Deuxième point en sa faveur : la stratégie. Oh, peu de choses à dire : ils pensaient que c’était juste. Et tout comme j’ai été hyper-critique dans le passé, cette fois nous obtenons les applaudissements. Même moi, j’ai tourné le nez quand ils ont renoncé à l’arrêt au stand gratuit, mais ce faisant, ils se sont débarrassés de toutes les voitures lentes du train DRS. Bien sûr, tout commence ensuite par une voiture rapide, avec un rythme constant, qui peut prolonger un relais et jouer avec la stratégie. Ce qui, heureusement, était la Ferrari d’hier. Nous sommes d’accord qu’ils ne devraient pas se réjouir d’une quatrième et cinquième place, mais en partant dixième et onzième dans cette Formule 1, vous ne gagnez que si vous vous appelez Max Verstappen et que vous conduisez une Red Bull.
F1, GP Montréal : les bulletins du pire
3. Ferrari, la pire. Nous arrivons aux points sensibles. Des hauts et des bas, même au cours d’un même week-end. En effet, dans les 24 heures. Si la préparation vue dimanche avait également été vue samedi, nous parlerions d’une Ferrari digne d’un podium, comme à Bakou, et à la place, tout se passe mal en qualifications. Maintenant, je n’ai pas envie de dire qui s’est trompé entre Leclerc et le muret, aussi parce qu’il me semble que l’affaire pourrait être configurée comme un concours de culpabilité. Cependant, j’insiste sur le fait que, quoi qu’on y pense, il y a un plus gros problème et ça s’appelle la confiance : soit Leclerc a tort, et alors l’équipe a raison de continuer toute seule, soit il a raison, et alors il serait celui de perdre encore plus confiance dans l’équipe. Alors vous travaillez mal et surtout il n’y a pas d’avenir dans la relation. De plus, tout se déroule en plein air, devant des millions de téléspectateurs. Et j’en arrive à un autre aspect, la communication. A changer totalement tant à l’extérieur (les mauvaises humeurs de Ferrari sortent toutes seules, toutes vivent, il ne faut même pas aller les chercher) et à l’intérieur : sur six pénalités d’entrave infligées tout au long de l’année, Ferrari en a pris deux. Personne n’a fait « mieux ». Est-il possible que Red Bull et Mercedes ne soient jamais pris au dépourvu ? Plus : ce n’est pas seulement le « quoi » qui est communiqué, mais aussi le comment. On dit que Leclerc doit être plus incisif dans les équipes radio et que s’il veut les slicks il doit s’imposer, aller aux stands, et peut-être même les monter lui-même. Mais chacun aura-t-il droit à son personnage ? Charles a le sien, il ne doit pas devenir comme les autres. Et même s’il le faisait, ce ne serait pas crédible. C’est l’équipe qui doit savoir communiquer avec lui.
2. Une super organisation Fi(a)lini. La Formule 1 de Netflix qui s’est dépeuplée en Amérique du Nord s’arrête parce que les caméras à Montréal ne fonctionnent pas. Un sport en constante recherche de paradoxes et de parodies. Belle figurine, je dois dire.
1. Sergio Pérez, Lance Stroll. En parlant de beauté, les voici, tout gonflés, les deux vrais protagonistes du week-end. Eh bien, sur Checo, nous devons tenir compte de l’effet Albon mentionné précédemment : il semble que chaque pilote qui se tient aux côtés du Dominus devient Taki Inoue, mais ce n’est pas vraiment le cas. De toute évidence, Red Bull développe la voiture selon les indications de Max, qui ne correspondent pas toujours au style du copilote. Perez est un bon pilote, qui n’a plus la voiture en main et risque de sombrer surtout au niveau mental. Et si vous êtes jeune comme Albon peut-être que vous vous rétablirez, si au contraire vous êtes Bottas 2.0, vous avez simplement terminé votre carrière et pouvez au mieux attendre que les miettes tombent de la table. Balade : il tourne en Q2, avec Ocon il ressemble au grand-père Piero sur le parking et se fait gêner, n’entre dans les points par miracle que parce qu’il a Bottas devant et un penalty. Digne suite de Monte-Carlo (le seul à faire des erreurs avec des pneus intermédiaires) et de Barcelone (humilié par Alonso qui promet de ne pas le dépasser) et en général d’un 2023 infiltré.