Quand après 2035 il sera possible d’en acheter un Rouleauxongle Ferrari ou un Lamborghini (seules ces voitures seront à vendre, oubliez d’en avoir une Panda) avec moteur thermique pour l’alimenter en e-carburant, comment comprendre si le propriétaire mettra le précieux carburant ou l’essence normale encore régulièrement en vente à l’intérieur du réservoir pour alimenter les millions de voitures encore en circulation (à cette date il est estimé sera d’environ 16 )?
La Commission européenne a joint à l’autorisation pour les e-carburants une déclaration politique dans laquelle elle s’engage à présenter un règlement « solide et à l’épreuve des contournements » pour l’homologation des véhicules qui roulent uniquement avec des carburants synthétiques. « Les techniciens expliquent que l’insertion d’un dispositif électronique dans le réservoir des nouvelles voitures est envisagée pour détecter le type de carburant : s’il est fossile la voiture ne démarre pas”. Et quel pourcentage d’essence ordinaire le système « supportera-t-il » lors du démarrage du moteur ? Zéro, 10, 20% ? Mystère. Et comment éviter d’altérer l’appareil ? Et comment vérifier le système de blocage du moteur ? Dans un monde où les FAP diesel sont contournés et les catalyseurs démontés sur les supercars, comment développer un système « solide et à l’épreuve des évasions » ? Mystère ici aussi.
Les questions ne sont pas triviales pourquoi actuellement le ravitaillement d’une voiture en e-fuel coûte environ 1000 euros. Compte tenu de la réduction des coûts futurs, nous devrions arriver (mais ce sont des estimations) à environ 400 euros en 2035 : nous sommes toujours – au moins – le double du coût d’un réservoir plein avec de l’essence normale. Mais ce n’est pas tout : bloquer les moteurs des voitures immatriculées après 2035 qui tentent de rouler à l’essence normale va également à l’encontre de l’usage qui pourrait être fait des e-carburants. Ce carburant de synthèse peut en effet être utilisé de diverses manières, toutes régulées par un réglementation (Din En 228): e-Essence, e-Diesel, e-Chauffage et e-Kérosène. Oui, car les e-carburants peuvent également être mélangés avec du diesel normal ou de l’essence normale, pour offrir des carburants plus écologiques. Le tout sans modifier le réseau de distribution des carburants conventionnels qui pourraient écouler les e-carburants sans aucun problème, ni de stockage ni de ravitaillement, car les e-carburants peuvent être stockés à pression et température ambiantes.
Le rôle marginal des e-carburants
De toute façon on ne parle vraiment de rien : le rôle de ces carburants sera en fait forcément marginal. Et l’industrie du carburant admet elle-même, dans ses propres estimations, qu’en 2035 les e-carburants pourraient satisfaire à peine 3 % de la demande de carburant routier en Europe (soit 0,4% en 2030, 16% en 2040 et 50% en 2050). Des chiffres qui proviennent de l’analyse de Concawe, un centre de recherche fondé et financé par des opérateurs du secteur fossile, et non par GreenPeace, UltimaGenerazione ou d’autres groupes environnementaux qui voient les e-carburants comme de la fumée (écologique mais toujours de la fumée) dans les yeux.