taureau mécanique
je me demande si pour Nyck de Vries l’annulation du Grand Prix d’Imola était bonne ou mauvaise. Helmut Marko il ne s’était pas caché d’être mécontent des performances du pilote néerlandais installé à Alpha Tauri et de lui avoir accordé le triplé de courses consécutives (Imola/Monaco/Barcelone) en dernier recours pour montrer des performances au niveau de la attentes élevées de ceux qui, tout comme lui, l’avaient fortement voulu dans l’équipe de Faenza. Avec une course en moins organisée, de Vries se retrouve avec la loterie de Monaco et la piste « amicale » de Barcelone pour bien faire. Ami oui, mais un peu de tous les pilotes qui ont couru dans toutes les catégories mineures du sport automobile.
L’attitude de Marko et de la direction de Red Bull n’est certainement pas une surprise pour ceux qui suivent la Formule 1 depuis des années. L’école spartiate de la chaîne des pilotes de l’écurie autrichienne n’avoue ni faiblesses ni hésitations de la part de ses cadets. Seul le darwinien le plus fort survit et la notion de « maturation » du pilote n’est évidemment pas envisagée. De nombreux pilotes tels que Kvyat, Albon, Gasly, Hartley pour n’en nommer que quelques-uns, ils n’ont pas pu résister à l’envie de chevaucher le « Taureau mécanique » qui les a jetés de la selle, pardonnez le siège, en moins d’une saison.
Celui qui gagne le premier gagne deux fois
Le comportement manifestement cynique de Red Bull avec ses jeunes pilotes est apparemment au-delà de la raison. Il n’y a pas de métier dans la vie qui n’exige un minimum de formation et d’évolution pour être accordé avant d’émettre des jugements définitifs sur le niveau des prestations fournies. Pour les pilotes de Formule 1, cependant, ce temps d’attente semble être un grand luxe et si l’on y regarde de plus près, l’histoire enseigne que les champions de ces dernières années sont ceux qui affichent leurs qualités dès les premières courses. Comme dans un speed date, le coureur et l’équipe ont quelques instants pour comprendre s’il y aura un véritable amour entre eux ou s’ils veulent passer à un autre partenaire plus intéressant.
Faisons défiler les noms des champions du monde de Formule 2 ou de GP2 des dix dernières années : Drugovich, Piastri, Mick Schumacher, De Vries, Russell, Leclerc, Gasly, Vandoorne, Palmer et Leimer. Une liste extrêmement hétéroclite composée de pilotes de grand talent reconnu mais aussi et surtout de noms qui ont objectivement déçu, ne se montrant pas à la hauteur des attentes que l’on plaçait en l’actuel champion du monde de la catégorie cadet. Ce fait n’est qu’un des indicateurs de combien la carrière des pilotes de Formule 1 à succès n’est pas nécessairement marquée par une croissance progressive et linéaire, comme le voudrait le concept même de points accumulés pour obtenir la super-licence. Leclerc, Russel et mettons nous aussi avec un peu de foi aussi Assiettes qui tient la comparaison avec Norris, sont des pilotes considérés parmi les « prédestinés » pour avoir parcouru un chemin clair remportant le championnat lors de leur première année de F3 (ou GP3) et F2, enregistrant des promotions ultra-rapides jusqu’à la Formule 1, où malgré l’arrivée de pilotes qui ne sont pas de premier ordre (Williams pour Russell et Alfa Romeo pour Leclerc), les résultats de leur première saison ont été extrêmement positifs. Pour revenir à la comparaison avec de Vries, le pilote néerlandais n’a pas remporté sa seule saison en GP3 et bien qu’il soit ensuite passé en Formule 2, le succès n’est « que » venu lors de sa troisième saison dans la catégorie, exactement comme Felipe Drugovich, actuel troisième Pilote Aston Martin. Mick Schumacher a fait mieux, remportant le titre de F2 lors de sa deuxième saison, mais les performances de l’Allemand ont été objectivement modérées en F1. Lewis Hamilton et Nico Rosbergpour ne citer que deux grands noms, ont également remporté le titre lors de leur première (et dernière) saison en GP2.
De nombreux éternels inachevés
Pouvoir rester en Formule 1 pendant quelques années est certainement une grande réussite pour un pilote professionnel, mais même dans ce cas, il est difficile de trouver le nom d’un pilote qui ait pu profiter de l’occasion pour démontrer au monde que son faute de succès, ils n’étaient dus qu’à la conduite d’une voiture non compétitive. Sergio Pérez il est assurément un exemple vertueux de professionnel qui a grandi au fil des années et qui écrit les plus belles pages de sa carrière en étant arrivé à juste titre au volant d’une Red Bull. La fameuse équipe cynique dont on disait pourtant à juste titre le fait courir pour la troisième année consécutive, vu les excellents résultats du Mexicain garantis, ici même, dès le départ dans le court de Milton Keynes. Dans la liste des engagés pour le championnat du monde 2023 on retrouve aussi une longue liste d’éternels pilotes inachevés plus ou moins jeunes qui depuis des années, avec peut-être des périodes sabbatiques, ont peuplé la grille de départ des GP de Formule 1. D’excellents professionnels, qui ont réussi pour arracher une pole occasionnelle voire une victoire contre vents et marées mais qui n’entrent jamais dans la short list des top teams, qui n’ont d’yeux que pour ceux qui gagnent et convainquent tout de suite. Et les faits démontrent, amèrement autant qu’on voudra, qu’ils ont raison de le faire.