L' »affaire Norris »
Parmi les nombreux sujets de discussion qui ont suivi le Grand Prix du Canada de dimanche, un concernait certainement la pénalité de cinq secondes infligée à Lando Norris, ce qui a ensuite coûté au jeune pilote McLaren le placement final dans les points. Passant sous le drapeau limogé en neuvième position, Norris était en effet relégué à la 13e place, voyant ainsi une excellente course annulée, également couronnée par plusieurs dépassements. L’écurie n°4 de Woking a été punie pour avoir délibérément ralenti les voitures qui le suivaient pendant le régime de la voiture de sécuritéafin de permettre aux mécaniciens McLaren d’effectuer le double arrêt au stand pour lui et son partenaire Oscar Piastriqui l’a précédé sur la piste.
Comportement antisportif
Dans le document officiel publié par les commissaires à la fin de la course, il était cependant surprenant de lire à quel point raison pour la pénalisation « comportement antisportif ». Dans l’explication, fournie par les commissaires, aucune distance n’est mentionnée – en mètres ou en secondes – à respecter par rapport à la voiture précédant Norris, mais l’intention de ralentir les voitures derrière lui est explicitement punie pour profiter de l’arrêt au stand. C’est, du moins pour l’histoire récente de la F1, une nouveauté d’interprétation assez importante qui s’ouvre sur des scénarios intéressants pour l’avenir. L’article cassé par Norris est le 12.2.1.l du code sportif international, dans lequel il est interdit aux pilotes – entre autres – de « avoir un comportement antisportif ou tenter d’influencer les résultats d’une compétition“.
Une arme contre les ruses
Il va sans dire que cet article porte en lui une large éventail d’interprétations possibles. Les stewards ont visiblement voulu utiliser cette arme – l’une des plus discrétionnaires à leur disposition – pour sanctionner un « malin » de Norris et de l’équipe difficile à sanctionner avec des instruments plus « classiques ». C’est un précédent à surveiller de près, qui ouvre grand pour la F1 route neuve et potentiellement appréciable. Or, en effet, les équipes et les pilotes devront nécessairement être plus réticents àappliquer des « astuces » pendant le régime de la voiture de sécurité, car un précédent très clair a été créé. L’impression est que nous ne voulions pas introduire une énième règle ad hocen utilisant à la place une règle plus générique – mais pertinente au cas – pour punir un comportement qui avait souvent été mis en œuvre dans le passé par d’autres écuries.
Maintenant, nous avons besoin de cohérence
L’important maintenant est que ce mode de fonctionnement est maintenu en permanence, uniformisant l’application de la sanction aux comportements jugés incorrects et antisportifs. L’inconnue peut être celle des critères d’interprétation, qui peuvent varier d’un délégué à l’autre. Mais le fait de ne pas vouloir « alourdir » le livre de règles avec de nouveaux paragraphes et paragraphes, exploitant à la place une règle déjà existante, doit être apprécié. A condition toutefois que prévale toujours, désormais, la cohérence dans l’application. Oui, ce serait vraiment un puissant moyen de dissuasion pour les équipes qui veulent se déplacer trop intelligemment dans les limites du règlement.