Est-il possible que le monde automobile soit si pessimiste ? Toujours voir le classique verre à moitié plein et prêt pour le fameux « ça pourrait être pire, il pourrait pleuvoir » ? Maintenant que le marché va bien, tout le monde se plaint qu’en réalité les constructeurs ne font que livrer les commandes accumulées. Mais en est-il vraiment ainsi ? « Je dirais qu’il faut faire un effort – a expliqué Michele Crisci, présidente de l’Unrae, l’association des entreprises étrangères – pour regarder du bon côté du verre. Il y a une facture, les clients sont contents, les délais d’attente sont normaux ».
Donc, la bonne portion serait celle à moitié pleine ?
« Mais sans ignorer le fait que jusqu’à récemment, tous les constructeurs automobiles avaient tellement de commandes en souffrance qu’ils vendent maintenant deux voitures mais en livrent trois. Maintenant, les problèmes d’approvisionnement sont résolus et nous nous en sortons bien ».
Une autre note récurrente (pessimiste). La crise reviendra…
« Je ne pense pas que le marché remonte maintenant. Nous n’avons pas d’indicateurs à cet égard. Bien sûr, nous ne vendrons plus 2 millions de voitures par an en Italie car nous n’avons plus la pression du réseau de vente qui a été contraint de disposer de stocks énormes. Mais maintenant il n’y a plus d’équilibre entre l’offre et la demande : on est dans un marché sans forcer. Et cela tombe bien car le marché automobile italien va se stabiliser sur un chiffre d’immatriculation correct, qui laisse la place à tout le monde, sans pression et sans traumatisme. Mais de toute façon il y a un problème ».
Éco…
« Mais ce n’est pas du pessimisme : c’est juste un constat froid car l’Italie est lente avec les nouvelles technologies. Nous achetons des machines traditionnelles, avec peu de systèmes électroniques, rarement entièrement électriques ou rechargeables. Cela veut dire que si tous les marchés européens passent à un marché de haute technologie, nous ne réagissons pas de ce point de vue, nous ressemblons à un poisson mort ventre en l’air. Nous achetons toujours les mêmes « vieilles » voitures. Pas les nouveaux. »
Pouquoi?
« Il y a tout un récit ici qui doit être changé. Ceux qui s’opposaient à l’électricité utilisaient des sujets aujourd’hui dépassés : la pénurie de colonnes (c’est en partie…), le coût de l’électricité ou ce qu’on se donne aux chinois (même si je ne comprends pas pourquoi avant quand on se livrait à les pétroliers arabes personne n’a jamais rien dit…). Mais ces thèmes s’épuisent. Et si tout le monde dit que l’électricité est un mal absolu, alors les gens finissent par y croire. Et donc les clients attendent pour acheter la prochaine voiture. Ici – je le répète – nous risquons gros. J’ai aussi dit à Salvini. Il ne s’agit pas de défendre l’endothermie, il s’agit de ne pas devenir un marché de second ordre en matière de nouvelles technologies. Regardez les giga-usines : aucune ne sera construite en Italie. Une immense honte pour l’emploi et pour l’avenir de notre pays. C’est pourquoi nous essayons d’élaborer un plan de reconversion industrielle avec le gouvernement ».