En Hongrie, la Formule 1 se confirme plus équilibrée qu’elle ne l’a jamais été. Dans le tour lancé, l’attendu Max Verstappen manquait avec sa RB19 mise à jour, mais en excluant le Néerlandais, le groupe de chasse voit près d’une douzaine de candidats pour le podium. Cependant, la confusion dans l’identification des favoris potentiels ne provient pas seulement de la proximité des temps au tour, mais de l’absence de simulations de course réalisées dans des conditions similaires pour tous. En cela, l’effet du nouveau format expérimental du week-end se fait sentir, qui en privant les équipes de deux trains de pneumatiques oblige les équipes à improviser.
Tests de marche atypiques
Normalement, la séance d’essais du vendredi après-midi est consacrée aux simulations de rythme de course, ce qui était décidément inhabituel à Budapest. L’absence de FP1 sur le sec a incité les équipes à passer plus de temps l’après-midi à préparer le tour lancé, mais les essais ultérieurs à pleine charge de carburant étaient rares et surtout pas totalement représentatifs des valeurs du terrain.
Ferrari et Red Bull se sont limités à effectuer leurs tests de rythme sur des pneus tendres, écartant complètement le médium qui sera plutôt au cœur du Grand Prix. De plus, alors que le vendredi il arrive souvent que les équipes diversifient les pneus de leurs pilotes pour recueillir plus d’informations, cela ne s’est pas produit à Budapest : Mercedes, McLaren, Aston Martin et Alpine ont toutes simulé la course sur la gomme médium. En cela, le souci des équipes de conserver suffisamment de trains de pneus pour les qualifications et la course émerge, dans un week-end où la FIA, la Formule 1 et Pirelli expérimentent l’allocation alternative avec deux trains de pneus en moins. A cela s’ajoute l’obligation de rouler en Q1 en pneus durs, ce qui rend pratiquement impossible pour les équipes de tester la gomme plus dure vendredi sans se priver d’un nouveau train pour dimanche.
Le parallélisme avec le Sprint
Les équipes et les pilotes se lancent dans la course avec beaucoup moins de données disponibles sur la dégradation du composé et les performances qu’ils n’en ont l’habitude. Tout cela à Budapest est souligné par une piste qui montre déjà une forte évolution durant le week-end, avec la complicité d’une météo sans cesse changeante. Il sera donc primordial pour les protagonistes de suivre et de s’adapter à l’évolution des conditions, mais surtout de lire ce que sera la dégradation des pneumatiques en temps réel en course, sans pouvoir s’appuyer sur la grande quantité de données habituelles. La clé sera donc la capacité d’improviser et de réagir aux scénarios qui se présentent.
En cas de pluie samedi, l’expérience de courir Q1, Q2 et Q3 respectivement avec dur, moyen et doux serait à nouveau reportée. Et pourtant, le nouveau format aurait déjà influencé les programmes de travail des équipes, avec des répercussions sur la dynamique du Grand Prix. Comme c’est déjà le cas pour les week-ends caractérisés par la Sprint Race, il se trouve que les formats alternatifs influencent le spectacle, impactant la préparation des équipes plus qu’à la suite des séances de qualification ou de la course elle-même. Dans le cas des week-ends avec le Sprint, la principale conséquence réside dans la dispute d’une seule séance d’essais avant le gel des réglages en régime de parc fermé, limitant le temps de préparation.

Une question pour l’avenir
Le format alternatif avec deux trains de pneus en moins sera re-proposé à l’occasion du Grand Prix d’Italie à Monza. Ensuite, les parties prenantes tireront leurs conclusions sur le succès de l’expérience, évaluant éventuellement s’il faut la confirmer pour l’ensemble de la saison 2024. Avant de prendre une quelconque décision, il convient toutefois de se poser la question de savoir quel type de compétition et de divertissement vous attendez de cette Formule 1. En fait, avec les week-ends traditionnels, c’est la préparation des équipes sur la piste, l’affinement continu des réglages et des stratégies jusque dans les moindres détails, afin d’exprimer au maximum le potentiel du package pilote-voiture.
A l’inverse, avec des formats alternatifs comme la Sprint Race ou l’expérimentation de Budapest, la préparation sur circuit est sévèrement limitée. Ce qui ressort dans ces circonstances, c’est la possibilité de réaliser des simulations virtuelles dans l’usine représentatives de ce qui sera rencontré durant le week-end. Plus encore, cependant, l’accent est mis sur les capacités d’improvisation, sur la capacité à lire et à réagir en temps réel à l’évolution des scénarios. En résumé, on passe de récompenser ceux qui se préparent à ceux qui réagissent le mieux. Ce sont deux manières différentes de concevoir la compétition et les week-ends de course, pas forcément meilleures l’une que l’autre. Dans un calendrier de plus de 20 courses et qui risque à terme de frôler la monotonie, il peut cependant y avoir place pour les deux, animant le spectacle par des formats dynamiques et alternés plutôt que par des changements plus invasifs.