Une bonne séance de qualification à Bakou, certainement pas facile pour les équipes et les pilotes, appelés à interpréter un circuit traître, avec peu de charge et avec encore moins de temps de préparation. Les accidents étaient une conséquence naturelle, pour le plus grand plaisir des mécaniciens appelés à remonter les voitures en temps utile pour la deuxième séance qualificative samedi matin. C’est Ferrari qui s’est illustrée vendredi à Bakou, avec une SF-23 qui s’est montrée à l’aise en qualifications, comme déjà démontré à Bahreïn et en Arabie Saoudite. Et pourtant, le pôle à Bakou a un tout autre sens.
Garniture aux trois dixièmes
En Azerbaïdjan, l’équipe Red décroche une pole position inespérée pour la course de dimanche, où l’on verra si Red Bull, qui a encore une fois pu se permettre un niveau d’appui plus élevé, sera à nouveau plus docile sur les pneumatiques. Dans le pôle azéri, il y a beaucoup de Leclerc, qui a une affinité particulière avec la ville des vents, avec le doute aussi de savoir si l’augmentation des unités de puissance saisonnières de trois à quatre unités n’a pas encouragé le Cavallino à augmenter la puissance et d’être plus audacieux avec la cartographie moteur.
Déjà en mars, le SF-23 avait montré qu’il était presque au niveau de Red Bull en qualifications, avec deux premières lignes en autant de courses, pour ensuite rapidement s’écraser en course. Ferrari à Bakou devra confirmer qu’elle a surtout progressé dans le rythme de course, dans lequel des progrès ont été observés à Melbourne. Et pourtant, la seule confirmation de la compétitivité sur le tour lancé est un symptôme d’amélioration.
En fait, la troisième première ligne de l’année arrive avec une philosophie de configuration différente par rapport aux deux premières. La Ferrari de mars était une voiture à fort potentiel, mais incapable de l’exprimer en course car elle était trop nerveuse et sensible aux conditions changeantes, comme le vent, la température et la charge de carburant. A partir de Melbourne, Maranello a entrepris une direction différente avec la configuration, déplaçant légèrement l’équilibre vers l’arrière pour retrouver la stabilité, au profit d’un rythme constant en course. C’est également pour cette raison que Ferrari a décidé de ne pas apporter de mises à jour majeures à Bakou, ne maîtrisant pas encore pleinement la nouvelle philosophie de configuration et devant utiliser chaque minute de la séance d’essais seule pour terminer la configuration.
La pole position de Leclerc est un signal important précisément parce qu’elle est arrivée avec un réglage de la voiture différent, théoriquement plus favorable à la course qu’elle ne l’est dans le tour lancé. De plus, entre Bahreïn et Djeddah, les rouges monégasques ont été entre un et deux dixièmes plus lents sur le tour lancé que les Red Bulls, alors que l’avantage à Bakou était quasiment le même. La donnée sera confirmée dans les prochains rendez-vous, mais elle est emblématique de combien vous pouvez gagner en travaillant uniquement sur la structuresans nécessairement dépendre des mises à jour.
Entre samedi et dimanche l’examen final
Ferrari a encore tout à prouver à Bakou. La course reste le véritable talon d’Achille, sans que l’équipe ne puisse tester ni les pneus médiums ni les relais pleins. Avec Red Bull comme favori incontesté, l’objectif sera de limiter les sept dixièmes de seconde du retard accusé à Bahreïn. Il sera également important pour le Cavallino de retrouver Carlos Sainz, qui n’est toujours pas à l’aise avec la voiture. Le SF-23 aura également l’occasion de faire ses preuves dans un large éventail de conditions entre les deux courses et les qualifications samedi matin, vérifiant si la Red est désormais réellement une monoplace moins sensible. En fait, entre les qualifications et la course de samedi, nous nous attendons à une variation de température sur l’asphalte similaire à celle rencontrée vendredi, avec 45°C en FP1 et 30-35°C lors des qualifications de l’après-midi. Pour le Grand Prix de dimanche, en revanche, les températures devraient à nouveau dépasser les 40°C. Le vent était aussi notoirement absent de la journée, particulièrement redouté par Ferrari à la veille de Bakou, et qui pourrait s’intensifier dans les prochains jours.
McLaren et AlphaTauri : comme un poteau
C’est surtout McLaren qui fait la fête vendredi à Bakou. Andrea Stella avait longtemps indiqué le tournant de la saison dans l’étape azerbaïdjanaise, avec l’arrivée de mises à jour pour combler les objectifs de conception manqués en hiver. La MCL60 du début d’année manquait surtout d’efficacité aérodynamique, la voiture ayant donc pu pas mal souffrir des longues lignes droites de Bakou. Sur la voiture, cependant, ils sont arrivés un fonds entièrement renouvelé, un nouvel aileron et un nouvel aileron arrière, qui ont immédiatement fonctionné, ramenant les deux voitures en Q3. Piastri et Norris ont également évalué deux spécifications différentes pour l’aileron arrière, tous deux optant pour la version plus légère.
AlphaTauri n’est pas moins, neuvième avec Tsunoda malgré une voiture qui a souffert lors des trois premières courses à la fois dans les lignes droites et dans les virages lents, qui représentent ensemble 95% de la piste de Bakou. Sur l’AT04 ça commence évidemment à fonctionner le nouveau fonds introduit à Melbourne, spécifiquement conçu pour permettre de soulever la voiture, d’assouplir la mécanique de la suspension et de retrouver plus d’adhérence en cas de ralentissement. Un nouveau capot et de nouvelles ailes avant et arrière font également leurs débuts en Azerbaïdjan, ce qui semble avoir quelque peu corrigé les écarts de vitesse.
Red Bull développe l’efficacité
Le RB19 a une fois de plus l’efficacité du DRS comme arme importante, gagnant plus de km/h en ligne droite que ses rivaux directs. Manquer la pole position ne rassure pas une équipe consciente qu’elle peut facilement se rattraper en course, mais relève assurément le seuil d’attention face à la progression de ses adversaires. Cependant, Milton Keynes ne s’est pas arrêté là, développant une nouvelle carrosserie pour la RB19. Ce qui change, ce sont les entrées d’air latérales, désormais aplaties vers le haut pour améliorer la canalisation de l’air sous les flancs. Les nouveautés vont augmenter l’efficacité aérodynamique globale, signe de une voiture sans problème particulierl’équilibre, la sensibilité ou l’usure des pneus à privilégier. L’équipe a apporté les mises à jour en Azerbaïdjan alors qu’elle ne disposait que d’une séance d’entraînement, démontrant une grande confiance dans les outils de conception. En même temps, le geste témoigne d’une équipe qui maîtrise sa propre voiture, qui contrairement à Ferrari peut compter sur un set-up bien rodé, sans expérimentation particulière à mener en essais libres.
Vendredi à double face pour Mercedes, qui d’une part prend la cinquième place avec Hamilton, mais d’autre part reste exclu de la Q3 avec Russell. Bakou n’est pas la meilleure piste pour l’équipe Brackley, qu’ils ont entre les mains un W14 précis à l’avantune qualité qui lui a valu la deuxième place à Melbourne, mais un danseur à l’arrière, qui est plutôt mis à l’épreuve par les courbes lentes de l’Azerbaïdjan. Aston Martin au lieu de cela, il encaisse moins qu’il n’aurait pu en raison d’un dysfonctionnement du DRS dans les étapes décisives des qualifications. Un nouvel aileron arrière fait son entrée sur l’AMR23 à Bakou pour tenter de remédier à une résistance aérodynamique excessive, en attendant des interventions plus massives.
En conclusion, lors des qualifications, il n’y avait aucune difficulté à craindre pour réchauffer les pneus. Le crédit revient aux équipes et aux coureurs, mais il s’est également atténué comme Pirelli a augmenté la pression des pneus pour l’étape azérie, avec l’intention également de privilégier l’échauffement.
DEVANT | ARRIÈRE | |
Melbourne 2023 | 23 psi | 21 psi |
Bakou 2023 | 25 psi | 23 psi |
Bakou 2022 | 24,5 psi | 21,5 psi |
Silverstone 70° 2020 | 27 psi | 21 psi |
Malgré la nouvelle structure des Pirelli 2023, les pressions sont plus élevées que la saison dernière et se rapprochent des valeurs record de la deuxième course de Silverstone de 2020, lorsque la société italienne a fait monter la pression pour éviter l’effondrement de la course précédente. Tout cela augmente les inconnues sur la dégradation que subiront les pneus lors des deux courses programmées à Bakou, que presque personne n’a encore eu l’occasion de simuler en pratique.