Une querelle qui est entrée dans l’histoire, car elle a été diffusée en direct à la télévision partout dans le monde et qui a réussi à arracher quelques sourires après la triste journée des qualifications samedi. Le Grand Prix d’Allemagne 1982 avait en effet pris une nouvelle tournure tragique, qui avait vu trop de vies brisées. De celui du désormais légendaire Gilles Villeneuve, entré définitivement dans l’Olympe suite à l’effrayant vol de Zolder, à celui de notre Riccardo Paletti, disparu à Montréal après avoir violemment percuté la Ferrari de Didier Pironi est resté immobile sur le premier pas de la grille en raison d’un problème technique. Juste le Français du Cavallino avait lui-même été le protagoniste d’un accident qui a marqué à jamais la fin de sa carrière en Formule 1 et le rêve de remporter le premier titre mondial de sa carrière.
Avec Pironi hors jeu en vertu de la énième page noire d’une saison terrible, les émotions qui ont été insufflées l’après-midi suivant ont redonné le sourire à la formule maximale. En effet, le duel, en réalité inégal, entre Piquet et Salazar, faisait partie de ces séquences qui comptent encore aujourd’hui parmi les plus tragi-comiques de l’histoire du sport automobile. Après le départ de la course, la Renault d’Arnoux prend la tête aux dépens de la voiture jumelle d’Alain Prost, qui perd ensuite deux autres places face à Piquet et au seul pilote Ferrari, Patrick Tambay. D’un rythme effréné, le Brésilien de Brabham glisse un peu plus tard Arnoux et prend la tête. Vie apparemment facile celle du pilote de Rio de Janeiro, qui en pratique devrait avoir seul administrer la course et l’avantage sur les poursuivants, mais la vie est connue, ce n’est pas que des roses et des fleurs.
Au dix-neuvième tour des 45 programmés, le Brésilien s’est retrouvé à doubler le Chilien Eliseo Salazar conduire l’ATS D5 à moteur Cosworth entrant en collision avec ce dernier près de l’Ostkurve. L’impact est de nature à mettre hors-jeu les deux pilotes professionnels. Le caractère latin de Piquet ne s’est pas fait attendre et, peu de temps après être descendu de leurs voitures respectives, le Brésilien a attaqué le Chilien en essayant de donner des coups de pied et de poing à son collègue. Un événement qui a littéralement fait bondir le public dans les tribunes et les spectateurs de chez eux, qui se tenaient debout à regarder la scène comme du bord d’un ring de boxe. En fait, la rencontre rapprochée entre les deux était de nature à être comparée à un match de catch, avec des coups interdits. Mais ce n’est que Nelson qui les a donnés, tandis que Salazar tentait de se défendre de la fureur du porte-drapeau de Brabham qui, vu l’occasion manquée au classement, semblait vraiment avoir un diable à poil.