Après trois jours d’essais passés à trouver un point de départ générique pour la configuration, le vendredi de Sakhir, Ferrari a commencé à travailler sur la configuration spécifique pour le Grand Prix de Bahreïn. Charles Leclerc a pris la piste lors de la première séance d’essais libres avec le nouvel aileron arrière à forte charge, entrevu le samedi des essais avant la panne du DRS. Carlos Sainz, quant à lui, a roulé avec l’aile la moins chargée introduite lors du dernier Grand Prix du Canada et utilisée pendant toute la séance d’essais. La comparaison, qui comprend également des nouvelles sur le faisceau-aile, en dit long sur les travaux et les réflexions en cours dans la Scuderia.
Compte tenu des caractéristiques du circuit de Bahreïn, on s’attendait à la veille à ce que Ferrari opte sans réserve pour la spécification à forte charge. L’impression est bien que le niveau de charge a augmenté par rapport aux tests, comme le démontre également l’utilisation d’une aile de faisceau différente pour extraire plus d’air du diffuseur et générer plus de charge par le bas. Cependant, le fait que le Cheval cabré ait envisagé de continuer à utiliser l’aileron arrière plus léger, alors qu’il y a à peine un an, le F1-75 était équipé de la spécification d’appui maximal, est révélateur de deux aspects.
En premier lieu, on constate à quel point l’efficacité des monoplaces à effet de sol en général et de Ferrari en particulier a augmenté. Mais plus importantes encore sont les réflexions en cours dans l’équipe sur l’équilibre, pour contenir d’éventuels phénomènes de sous-virage et de survirage en ayant conscience que parfois ce dernier a pour origine le premier. Le choix du niveau de charge dans Ferrari ne peut pas aller au-delà de quel essieu est actuellement le plus faible du SF-23. Dans le cas où l’arrière oscillant vu jusqu’à présent sur la Rossa découle d’un manque d’appui à l’arrière, l’aile à appui élevé aiderait à corriger l’équilibre général. Si au contraire l’instabilité en sortie de virage provient d’un sous-virage en roulage et donc d’angles de braquage excessifs, augmenter la charge sur l’arrière fragiliserait encore plus l’avant.
En fin de séance, Charles Leclerc est revenu sur le cahier des charges à faible charge partagé avec son coéquipier. Le soupçon est cependant que la décision a été forcée par des problèmes structurels, l’aile à forte charge ayant été vue basculer dangereusement, insuffisamment soutenue par le pylône de support unique, contre les deux supports de l’autre spécification. De l’extérieur on ne sait donc pas si le choix final a été une décision de l’équipe ou s’il a été dicté par des raisons de force majeure. La seule certitude pour le moment est que Ferrari travaille à augmenter le niveau d’appui par rapport aux essais, avec un œil toutefois sur l’efficacité et l’équilibre en ligne droite.