«Ferrari Enzo fu Alfredo, né à Modène le 20.2.1898 y demeurant ; défendeur du crime prévu et puni par les art.589 pp et 590 I et II al. en relation avec l’article 81 du Code pénal pour s’être, en sa qualité de propriétaire de l’actuelle Ferrari à Modène, spécialisé dans la construction de voitures de compétition sportive tant sur route que sur piste, en raison d’une faute consistant à avoir adopté, dans la vingt-quatrième édition des Mille Miglia sur les voitures de sa Scuderia et en particulier sur la voiture portant le numéro de course 521 pilotée par Alfonso Cabeza da Vaca Marquis De Portago, plaque d’immatriculation BO 81825, pneus construits par la société Englebert actuellement à Liège-Belgique, qui compte tenu de leurs caractéristiques de construction et d’aménagement (bande de roulement de 2,5 Kg/cm2) n’étaient pas adaptées aux performances des voitures qui, à pleine vitesse, développent des valeurs de vitesse maximale de course de l’ordre de 280 km/h, permettant pneus au lieu de cela, au plus, une vitesse de 220 km par heure, et provoquant le détachement de la partie centrale de la bande de roulement en raison de la surchauffe résultant d’un gonflage excessif et de l’éclatement ultérieur du pneu, qui a fait déraper la voiture, causant la mort de neuf spectateurs et celle des deux pilotes ».
Voici l’acte officiel de l’inculpation d’Enzo Ferrari après le tragique accident de De Portago aux Mille Miglia en 1957. Sur cette histoire, l’une des plus controversées de toute l’épopée Ferrari, Luca Dal Monte vient de produire un « livre d’enquête », du nom qui veut tout dire « Ferrari – Presumto coupable » (Éditions du Caire, 320 pages, 18,50 euros). Un volume qui, avec des documents inédits soigneusement rapportés, révèle comment il en est arrivé là, ce qui s’est passé entre l’acte d’accusation que vous venez de lire et la sentence, qui est arrivée après quatre années interminables.
Comme d’habitude, Ferrari – bien qu’avec une grande souffrance – comme nous le savons est sorti de cette affaire la tête haute et a été complètement acquitté de l’accusation avec une peine qui n’a jamais été vue dans l’histoire de la jurisprudence italienne. Nous connaissions tous le début et la fin de cette histoire, mais pas tout le reste. Et maintenant, grâce à Luca Dal Monte, cet aspect de l’histoire de Ferrari a également été clarifié. Nous ne voulons rien révéler sur cette enquête pour ne pas rendre la lecture moins agréable, mais pour rendre le chemin plus clair, après avoir rapporté le début, c’est-à-dire l’acte d’accusation, voici la fin. La phrase. Ainsi, tous les lecteurs ont les outils en main pour mieux comprendre « Ferrari – Présumé coupable ».
Elle est là: « L’accusation est manifestement infondée, et repose exclusivement sur les affirmations des premiers experts engagés par le PM : mais déjà quelques considérations logiques, nées des contradictions et des inexactitudes des mêmes experts, avaient immédiatement invalidé les nouveaux embauchés. Si bien qu’après l’examen minutieux et exhaustif des personnes intéressées par l’affaire – du constructeur Ferrari à l’industriel Englebert, des techniciens Lèdent et Boasso au pilote Taruffi et aux directeurs de la compétition, des responsables en charge de la motorisation à tous ceux, techniciens et assistants, qui avaient suivi les performances pendant le stage – ce juge avait obtenu la conviction claire et précise que rien ne pouvait être imputé, par voie de faute, ni à Ferrari ni à Englebert, fortifié de plus de dix ans d’expérience en la matière; conscient des responsabilités dans l’approche, l’étude, la construction et l’utilisation de moyens mécaniques d’une force motrice considérable ; parfaitement conscients de devoir entreprendre – comme ils l’ont fait – une collaboration étroite et continue pour la meilleure réussite de l’entreprise, et pour la construction et la préparation de moyens, les plus parfaits possibles, en rapport avec la capacité humaine. En particulier, le constructeur Enzo Ferrari est un homme à la personnalité forte et incisive, doté de capacités intellectuelles et morales sans doute supérieures à la moyenne, qui à travers d’énormes sacrifices et animé par la seule passion de l’automobile, a su créer à partir de rien, avec sa seule force, une industrie prodigieuse et parfaite comme un laboratoire horloger, conquérant l’estime et l’admiration universelles, construisant des voitures de course et de tourisme que le monde nous envie, triomphant sans conteste sur les circuits et pistes de tous les continents. Ce sont des éléments de jugement objectifs, irréfutables. De même, Englebert est propriétaire, en Belgique, d’une entreprise de construction de toiture renommée et universellement appréciée. Les deux industriels ne pouvaient donc que n’entreprendre, pour la bonne réputation de leurs produits respectifs, que les collaborations les plus étroites, les plus rigoureuses et les plus efficaces, afin d’entrer dans la course avec des voitures perfectionnées au maximum d’aptitude pour atteindre le plus victoires convoitées: comme, en fait, c’est arrivé. Cependant, toutes les hypothèses défensives et les explications logiques et techniques fournies par Ferrari et Englebert, ainsi que par leurs collaborateurs et employés, ont trouvé une confirmation complète dans le rapport exhaustif et très motivé des experts Capocaccia, Casci et Funaioli, techniciens et enseignants. de notoriété incontestée et de qualités particulières, et notamment sans lien direct d’intérêt avec le défendeur ou avec la société belge. Il en résulte en application de l’art. 378 et 152 que Ferrari doit être immédiatement acquitté du crime qui lui est inscrit, conformément aux réquisitions du ministère public, pour ne pas l’avoir commis. Ex-art. 622 et suivants. les artefacts qui ont été confisqués par le tribunal doivent être restitués à Ferrari».