Le 20 février 1993, le monde automobile perd l’un des derniers grands hommes qui ont contribué à faire de la Motor Valley ce qu’elle est aujourd’hui : Ferrucio Lamborghini. Le fondateur du constructeur automobile Toro est décédé loin de Sant’Agata Bolognese, où la légende de ses supercars avait pris racine et où il avait été un protagoniste dans les années 1960 et 1970, avec la Miura et la Countach. Une histoire qui a commencé il y a longtemps, avec des tracteurs et un pays qui a dû se relever après la guerre à partir du peu qui restait.
Ferruccio Lamborghini est né le 28 avril 1916 à Renazzo, fraction peuplée de la commune de Cento (Ferrare), dans une famille d’agriculteurs mais se passionne aussitôt pour la mécanique au point de passer des après-midi entières à l’atelier, négligeant les travaux des champs. Et grâce à sa passion et sa ténacité, il est engagé dans le meilleur atelier de Bologne où il peut enfin découvrir tous les secrets de la mécanique.
Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Ferruccio, désormais un mécanicien expert et apprécié, il est enrôlé et affecté à la 50e flotte mixte d’opérations de manœuvre, stationné à Rhodes, qui s’occupe de l’entretien de tous les véhicules militaires de l’île, y compris les camions à moteur diesel et les tracteurs qui servent à remorquer les avions. Les fortunes alternées de la guerre verront Ferruccio réussir à réparer (et parfois même à briser, comme il s’en souviendra plus tard) des moyens appartenant aux Italiens, aux Allemands et aux Britanniques. Juste à Rhodes, dès la fin de la guerre, il ouvre sa première entreprise : un petit atelier de réparation mécanique. En 1946, il rentre en Italie, profitant de l’expérience accumulée pendant la guerre : à Cento il ouvre un atelier mécanique pour la réparation de véhicules et d’automobiles. Observant la crise profonde dans laquelle notre pays se remet encore des souffrances de la Seconde Guerre mondiale, l’idée de construire un tracteur agricole économique a commencé à mûrir. Le 3 février 1948, il présente à la foire patronale un tracteur né de la reconversion d’anciens véhicules militaires et équipé d’un vaporisateur de carburant de sa propre invention. Son intuition s’avère un succès, il en vend 11 et décide d’acheter 100 moteurs Morris (le véhicule utilisé pour la conversion) allant jusqu’à engager la ferme familiale à disposer de l’argent nécessaire à l’opération.
Lorsqu’en 1963, désormais entrepreneur établi, il décide de se tourner vers le monde automobile, Ferruccio cherche d’abord un logo qui pourrait s’adapter à son futur Granturismo. Demander de l’aide Paul Rambaldi, un graphe local qui lui demande quelles caractéristiques personnelles le représentaient. Ferruccio a immédiatement répondu: « Je suis tamugno, (traduit du dialecte, cela signifie dur, fort, têtu) comme un taureau ». Cette description, associée à son signe du zodiaque, a donné vie au logo que nous connaissons tous qui a remplacé FLC (Ferruccio Lamborghini Cento). A partir de ce jour a commencé un voyage qu’en 1966 il a révélé au monde la miura, un modèle si innovant qu’il force les initiés à inventer le terme supercar pour trouver une manière adéquate de le décrire. Des tracteurs aux voitures, le pas fut court. donc. Une fois de plus, il était animé par un rêve : construire des voitures de sport qui soient les meilleures en Italie, mais aussi à l’étranger. Évidemment, Ferrari avait à l’esprit : les battre sur son marché était un objectif primordial, envisageant à la fois la performance pure et une attention importante à l’intérieur de ses voitures.
La première Lamborghini, la 350 GT assemblée à Sant’Agata Bolognese, a été imaginée par Giotto Bizzarrini (initialement sur le prototype d’anticipation, la 350 GTV), Giampaolo Dallara et Paolo Stanzani. En 1971, la Countach arrive au Salon de Genève mais les jours de Ferruccio dans l’entreprise tirent à leur fin : suite également à la crise pétrolière et aux difficultés rencontrées par son premier amour, les tracteurs, le fondateur d’Automobili Lamborghini est contraint de quitter la maison automobile de Sant’ Agata Bolognese : entre 1972 et 1973, la branche automobile se retrouve entre les mains du duo Rossetti-Leimer ; la branche agricole est plutôt entrée dans le groupe dirigé par la Società Accomandita Motori Endotermici. Il se retirera à Fiorita à Piancarola, un petit village ombrien sur le Trasimène, où il redeviendra agriculteur, ou plutôt countadéin.