Si l’on considère l’ère post-Seine, la Formule 1 a été un domaine de l’Allemagne. Il est difficile de trouver une année sans les meilleurs élèves allemands : 12 championnats du monde des pilotes avec trois champions différents (Michael Schumacher, Sebastian Vettel et Nico Rosberg). Si l’on compte l’influence de Mercedes également en tant qu’ingénieur et constructeur, le nombre s’élève à 22 Coupes du monde au cours des 29 dernières années : les Allemands n’ont été battus à tous égards qu’en 1997, 2005, 2006, 2007 et 2022, tandis qu’en 1998 et 2021 Mercedes a au moins contribué à remporter le titre des constructeurs d’abord en étant ingénieur moteur pour McLaren puis « tout seul » en battant Red Bull.
Et pourtant, certains aspects permettent de penser que l’automobile en Allemagne traverse une grave crise. Récemment, le président de la Formule 1 Stefano Domenicali justifiait l’absence des GP d’Allemagne par l’incapacité à créer des affaires de la part d’Hockenheim et du Nürburgring, mais les difficultés ont également touché les pilotes : si l’on considère les années à partir de 1995, l’Allemagne avait commencé un championnat du monde de F1 sans au moins un champion du monde, à l’exclusion de la période suivant immédiatement la première retraite de Michael Schumacher (Sebastian Vettel et Nico Rosberg étaient jeunes et ne gagneraient que plus tard).
Norbert Haug parle même d’une situation tragique. L’ancien vice-président de Mercedes ne fait pas dans la demi-mesure pour définir le « patient » allemand : «De 1994 à 2016, nous avons cuisiné des champions du monde en série. A la fin des années 1990 et dans les années 2000, deux courses de Formule 1 par an se déroulaient en Allemagne, devant des tribunes combles et plus de 100 000 spectateurs à chaque fois : les GP comptaient 12 millions de téléspectateurs, alors qu’aujourd’hui RTL en compte trois millions. La situation de la Formule 1 en Allemagne a régressé à un tragédie dont tout passionné d’automobile ne peut qu’avoir honte», a-t-il confié à des compatriotes de Rnd. « Il n’y a pas eu de grand prix en Allemagne depuis longtemps (précisément depuis 2020, lorsque le Nürburgring a accueilli le GP de l’Eifel, nda). Nous n’aurions pas pu avoir une stratégie pire et moins ambitieuse“.
En 2023, l’Allemagne peut se consoler sur la grille avec seulement Nico Hülkenberg. Les Allemands espèrent que cette crise n’est que passagère et que l’entrée d’Audi à partir de 2026 leur donnera un coup de main : »Eux, Mercedes, l’ADAC, les sponsors et les parties prenantes devraient travailler sur les jeunes talents et veiller à ce que le sport automobile allemand ne soit pas la proie des critiques qui ignorent comment la prospérité du pays a été générée en grande partie grâce à l’automobile et à ses succès.“.