de VINCENZO BORGOMEO
C’est officiel : les « ambassadeurs » des Etats auprès de l’Union européenne ont décidé de reporter l’adoption du règlement sur les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves du 7 mars à un prochain conseil, sans fixer de date. La réaction de liesse a été immédiate (mais uniquement de la part des politiques en quête de consensus facile) car alors, les vrais intéressés (c’est-à-dire les constructeurs automobiles) ont déjà tranché. Et donc, quelle que soit la décision de l’UE à ce stade, cela n’a pas d’importance : 90 % de l’offre de la liste de prix sera uniquement électrique dès 2030. Et la source de ce pourcentage est les déclarations officielles des constructeurs automobiles, alors ne parlons pas de estimations.
Pour comprendre : Jaguar vendra uniquement de l’électrique à partir de 2025, Alfa Romeo à partir de 2027, Lancia et Audi à partir de 2026, Fiat à partir de 2030 et j’en passe, en fait sur la route déjà tracée par Smart qui a été la première marque au monde à abandonner les modèles à essence proposer uniquement des versions électriques. Ici, la révolution a déjà commencé depuis un certain temps.
Politique
Mais revenons à l’actualité politique : le règlement européen prévoit l’arrêt de l’immatriculation (pas de la circulation ni de la vente des voitures d’occasion) à partir de 2035 : le texte convenu avec le Parlement européen avait déjà été approuvé dans son principe, la Pologne votant contre et la Bulgarie s’abstenant. L’Italie s’est récemment alignée sur la Pologne et la Hongrie, ayant jusqu’ici donné son assentiment.
L’Allemagne est restée dans la balance : le parti libéral qui fait partie de la coalition gouvernementale a retenu la décision en ouvrant un problème à la majorité (qui comprend le SPD et les Verts). En gros, ils tardent à trouver une solution ou attendent que le gouvernement de Berlin trouve une solution de compromis au sein de la coalition.
Que s’est-il vraiment passé
Et là on entre dans le « chaud » : apparemment le représentant allemand au Coreper (comité des représentants permanents des Etats auprès de l’UE) n’est pas intervenu : le fait est que par rapport à hier soir, alors qu’il évoquait déjà l’hypothèse de la ajournement, rien n’a changé et l’impasse de Berlin n’a pas été surmontée. Que les gouvernements du Conseil se retrouvent dans une situation similaire, aux prises avec le risque de rejet d’un accord sur un texte législatif convenu avec le Parlement européen (qui l’a également voté définitivement) et qui a déjà fait l’objet d’un examen préliminaire du Coreper et les ministres concernés, c’est assez rare. Mais à ce stade, tout est possible… En revanche, jusqu’au 24 février, date à laquelle la présidence suédoise de l’UE avait indiqué que l’adoption passerait (après une ultime réunion du Coreper) en point de non-discussion lors du conseil de l’éducation de mardi prochain. , le non polonais et l’abstention bulgare, qui équivaut à un non dans le décompte des voix dissidentes, n’ont pas laissé présager de problèmes. Puis il est arrivé, quatre jours après le non catégorique du gouvernement italien, sensiblement avec les mêmes raisons que le ministre allemand des transports – le libéral Wissing -, qui avait annoncé le freinage allemand.
Fondamentalement, nous voulons laisser la porte ouverte à la possibilité d’immatriculer de nouvelles voitures et camionnettes au-delà de 2035 tant qu’elles sont alimentées par des carburants synthétiques, les « e-fuels » (carburants propres). Mais nous savons tous que c’est une route impraticable.
Et maintenant?
Le point est maintenant : sommes-nous le scout classique qui veut traverser la rue à la vieille dame qui ne veut pas la traverser ? Pourquoi la politique s’en mêle-t-elle en allant à l’encontre des besoins des constructeurs automobiles ? Le thème est le lobby du secteur associé et composants qui – c’est vrai – risque d’être débordé. Et peu importe si – selon les calculs globaux dans le secteur vert au cours des 7 prochaines années, il y aura environ 400 000 emplois supplémentaires : selon les organisations professionnelles, 67 000 emplois seraient menacés au cours de la même période. D’où la bataille.
Le gouvernement Meloni, qui avait également donné son avis conforme au niveau ministériel dès sa prise de fonction, a décidé de jouer le jeu en se penchant certes sur le règlement ‘2035’ mais aussi – et ‘surtout’, a précisé le ministre de ‘l’industria Urso’ – de d’autres dossiers sur lesquels elle juge « idéologiques » les choix de la Commission européenne : non seulement sur la mobilité pour forcer la transition écologique, mais aussi sur l’emballage et le secteur textile. Le ministre de l’Agriculture Lollobrigida a même parlé l’autre jour à Bruxelles de « criminalisation du ‘système italien’ en Europe. Et la position sur l’interdiction des moteurs à combustion interne est partagée par divers secteurs politiques et industriels, même s’il est un fait que la plupart des constructeurs automobiles se sont engagés à accélérer la transition vers l’électrique même par rapport à 2035.
Combien d’hypocrisie
Maintenant tout va bien mais on se demande où étaient les politiciens quand les voitures ont été déchirées en Italie ? Où étaient-ils pendant que l’industrie des composants était massacrée ? Juste un fait à comprendre : en Italie il y a dix ans, 1,2 million de voitures étaient produites. Aujourd’hui 600 mille. Et dans dix ans nous ne perdrons certainement pas encore 600 000 voitures produites pour l’électrique.
Ils devraient commencer à supprimer le super timbre, pour s’assurer que les 700 millions du PNRR ne soient pas gaspillés faute de décrets d’application qui empêchent la construction de colonnes, par exemple sur les autoroutes. Pourtant rien. Vous criez au scandale en essayant de bloquer une conversion qui n’est plus bloquable.
C’est comme un vent fort : quand il arrive, il faut décider s’il faut construire des moulins ou des murs. Nous? D’abord, nous avons décidé de construire des moulins, maintenant (peut-être) nous revenons à construire des murs. Ce qui fait qu’en 2035 nous n’aurons ni l’un ni l’autre et nous deviendrons un pays complètement abandonné par le secteur automobile.