Les qualifications au Centenaire du Mans n’étaient pas optimales pour Peugeot en termes de résultats, les deux 9X8 étant sortis d’Hyperpole. Dans la maison du lion, cependant, il y a des signes d’optimisme, à la fois à court terme en ce qui concerne les espoirs dans la course, et à long terme compte tenu de la croissance de la voiture. L’écart avec Ferrari et Toyota était similaire à celui réalisé sur d’autres circuits, mais compte tenu de la longueur de 13 km du Mans, l’écart au kilomètre a considérablement diminué en proportion. La Peugeot Hypercar se révèle particulièrement proche du marathon français, une qualité qui, associée à une voiture traditionnellement meilleure en rythme de course qui sur le tour lancé, relève les cotes du lion pour le Centenaire.
Optimisme général
Deux raisons expliquent l’optimisme redouté des porte-drapeaux Peugeot. Le premier est la prise de conscience d’une course assaisonnée de mille variables et plus, où la performance sera importante mais pas le seul facteur discriminant. En témoigne Jean Marc Finot, directeur de Stellantis Motorsport : « Nous ne pensons pas que le rythme décidera de la course. La météo pourrait tout gâcher, mais l’essentiel sera de passer le moins de temps possible dans les stands. Si on est encore là dimanche à 16h, ce sera intéressant. » Paul di Resta lui fait écho : « Il y a tellement d’inconnues. Il peut pleuvoir au départ, mais la course n’est pas gagnée dans la première heure. Il faudra évitez les ennuis et maximisez chaque opportunité. Ce n’est que si nous sommes encore là dimanche matin que nous pourrons commencer à construire le résultat final ».
La deuxième source d’optimisme est une voiture qui s’est avérée douce avec les pneus lors des tests. Au cours de la saison, la Peugeot 9X8 a souffert d’un manque de traction, ayant été conçue selon une réglementation qui, jusqu’en 2020, prévoyait une utilisation plus large de la transmission intégrale. Au Mans, en revanche, les redémarrages à basse vitesse sont peu nombreux et la 9X8 n’a pas montré d’usure excessive des pneus arrière. Continuer Di Resta : « Le Mans est un circuit très spécifique. Compte tenu des longues lignes droites, le profil d’usure est inférieur à la normale. Pour l’instant, même si nous peinons en motricité, la dégradation des pneus ne nous inquiète pas ». Même Finot se montre satisfait : « Nous sommes satisfaits du rythme que nous pouvons maintenir sur des relais doubles ou triples. »
Le 9X8 prend vie
Comme l’explique Loïc Duval, de nombreuses voitures au Mans entrent dans la fenêtre de fonctionnement optimale, étant conçues en fonction du circuit français : « Conduire ici est encore plus agréable, car de nombreuses voitures sont conçues pour Le Mans et prennent vie sur ce circuit. » Le 9X8 en fait partie, à tel point que Gustavo Menezes parle d’un comportement général meilleur qu’ailleurs : « La voiture a clairement fait un saut dedans prennent vie ici au Mans. Bien sûr, nous avons encore du travail à faire. Mais Le Mans est connu pour choisir ses vainqueurs. Ce sera important de survivre le samedi. »
Les mêmes sensations se confirment dans les mots de Jean Eric Vergne : « La voiture est très maniable et bien équilibré. Je dirais que la voiture au Mans prend vie, elle est dans une bien meilleure fenêtre qu’ailleurs. Il sera important de finir la course et de passer le moins de temps possible dans les stands. D’autres auront des problèmes, feront des erreurs de conduite et plus encore. Tout peut arriver et nous devons être prêts si les choses tournent dans notre sens. » Les pilotes célèbrent en particulier la stabilité du 9X8 au freinage, mais surtout la rapidité dans les virages à grande vitesse. En fait, Le Mans présente un asphalte nivelé, ce qui réduit les sautillements et la perte d’adhérence qui en résulte, dont souffre normalement une voiture conçue pour libérer entièrement la charge aérodynamique de la surface de la route.
Travaux en cours
Mikkel Jensen est plutôt revenu aux qualifications, révélant un épisode qui aurait pu coûter à Peugeot l’accès à l’Hyperpole : « Ça ne s’est pas trop mal passé. J’ai attrapé un drapeau rouge une seconde avant de franchir la ligne d’arrivée. Je n’ai pas eu de chance, j’aurais pu m’améliorer. Cependant, il est difficile de dire s’il aurait suffi d’accéder à l’Hyperpôle ». Le Danois a également tenu à souligner une différence importante entre Peugeot et les autres constructeurs récemment entrés en WEC : « Je voudrais mentionner que d’autres fabricants viennent avec des équipes déjà constituées, comme Ferrari avec AF Corse ou Porsche avec Penske. Ce sont des équipes qui reçoivent une voiture prête, mais qui travaillent stratégiquement et opérationnellement depuis des années ».
L’approche générale chez Peugeot est de maximiser le résultat sans pression particulière découlant des résultats récents. Linda Jackson, PDG de Peugeot, a exprimé son soutien à l’équipe et sa prise de conscience de la longueur du parcours d’apprentissage. Finot a également rappelé que, quel que soit le résultat final, les 24 Heures du Mans seront une opportunité d’apprentissage pour Peugeot. Mais dans l’ensemble, c’est surtout l’émotion du retour au Mans d’un constructeur trois fois vainqueur de la classique française qui transparaît. L’édition du centenaire représente également pour Peugeot la concrétisation d’un projet commencé il y a près de trois ans. « Pour créer tout ça, il a fallu trois ans », ferme Linda Jackson. « Ce Mans n’est qu’à un pas dans cette aventure ».