Au Portugal, Peugeot a réalisé sa meilleure course depuis le début du programme Hypercar. Les deux 9X8 ont parcouru la quasi-totalité de la distance de course, un objectif jamais atteint auparavant et qui contribue à briser le dangereux cercle vicieux qui s’éternisait depuis plusieurs mois maintenant. En effet, avec des tests privés limités par le règlement, terminer des courses devient important non seulement pour les besoins du classement, mais aussi pour accumuler des kilomètres et de l’expérience. De plus, les simulations d’endurance en essais privés ne sont pas aussi représentatives que les courses réelles, manquant de références avec la concurrence. La possibilité de passer les 6 heures d’épreuves du WEC sur la piste plutôt qu’aux stands est donc une étape importante pour Peugeot, un point de départ sur lequel construire l’évolution future du 9X8.
La course de Portimão
En Algarve, l’équipe de France a souffert de deux problèmes techniques, qui n’ont cependant pas compromis la distance parcourue par la course. Dans les tours de chauffe juste avant le départ, la voiture n°93 présentait quelques anomalies au niveau de l’unité de direction assistée, que l’équipe a donc décidé de remplacer avant le départ. En conséquence, le 9X8 a dû commencer la course depuis la voie des stands, en commençant immédiatement un tour plus tard. La voiture sœur #94, quant à elle, a longtemps voyagé dans le groupe central avec Cadillac et Porsche, pas trop loin derrière les deux Ferrari. Dans la seconde moitié de la course, cependant, il est apparu un problème avec les capteurs de couple et de puissance des arbres de roue, similaire à ce qui est arrivé à la Toyota #7 qui l’a forcée à s’arrêter et à tomber à l’arrière du groupe. En effet, ces capteurs sont indispensables à la direction de course pour vérifier le respect des courbes de puissance imposées par la Balance de Performance. Heureusement, à ce stade de la course, les commissaires avaient déjà collecté suffisamment de données et n’ont pas demandé à Peugeot de revenir. La voiture n°94 a pu continuer, survivant grâce à une cartographie par défaut qui compromettait cependant la puissance du groupe motopropulseur. La 9X8 a ainsi haussé le rythme au sortir d’une potentielle lutte pour le podium, terminant en cinquième position à deux tours de la Toyota victorieuse. La n°93 a plutôt terminé à la septième place, avec trois tours de tour.
Le commentaire du directeur technique Olivier Jansonnie résume parfaitement le week-end en Algarve : «D’un point de vue sportif, ce n’est pas une course fantastique puisque nous n’avons terminé que cinquièmes. Cependant, nous avons fait un bon pas en avant car les deux voitures ont franchi la ligne d’arrivée et nous avons réussi à ne pas avoir les problèmes de fiabilité que nous avions auparavant, c’est donc une première pour la satisfaction. Ensuite, à plusieurs moments de la course, nous avions un rythme soutenu, maintenant nous devons travailler pour maintenir ce rythme tout au long de la course. Quant au problème sur la n°93 qui a rendu le départ difficile, il nous a également mis dans une position où nous ne pouvions même pas nous battre avec les autres concurrents, ce qui est assez frustrant. Dans l’ensemble, je suis très fier de l’équipe, de son engagement et de la façon dont elle a travaillé pour rendre Sebring encore meilleure. Je suis également satisfait des arrêts aux stands, où nous avons pu constater une énorme amélioration et ce sera un point important pour l’avenir“.
La performance peut être vue
En termes de performances, Peugeot est revenu au moins pour rivaliser avec les autres constructeurs officiels, Cadillac et Porsche surtout, tout en restant légèrement derrière Ferrari. Le saut de compétitivité par rapport à l’étape inaugurale à Sebring était prévisible, compte tenu du concept aérodynamique particulier de la 9X8. En fait, l’Hypercar du lion libère toute la charge aérodynamique par le bas, mais pour que l’effet de sol fonctionne au mieux, la voiture doit rester à une hauteur constante du sol, c’est pourquoi les bosses de Sebring étaient la pire conditionet pour Peugeot. En Floride, Peugeot a couru pratiquement dans le no man’s land, tandis qu’à Portimao, il est revenu jouer dans le groupe central avec les autres Hypercars. De plus, les nouveaux actionneurs hydrauliques de la transmission ont fait leurs débuts en Algarve, remplaçant les composants électriques précédents qui obligeaient le 9X8 à de longs arrêts aux stands. La nouvelle boîte de vitesses a permis aux deux voitures de terminer, l’équipe pouvant enfin se concentrer sur les performances. Les données recueillies lors des six heures portugaises seront utiles pour développer les réglages, les stratégies de gestion des pneus et l’utilisation de l’hybride dans les prochaines étapes.
Peugeot est désormais confronté au triptyque de pistes ultra-rapides qui s’ouvrira avec la manche de Spa, où il sera intéressant d’évaluer comment le concept aérodynamique particulier du 9X8 s’adaptera aux longues lignes droites des Ardennes. La marque a déjà couru à Monza, Fuji et Bahreïn, d’autres pistes caractérisées par de longues lignes droites, mais à chaque fois, elle a été retardée dans les stands par des problèmes techniques. De plus, au Japon, les 9X8 avaient souffert de marsouins et la vitesse maximale en ligne droite n’avait jamais été excitante en 2022. Cependant, Jansonnie a expliqué comment le manque de vitesse était dû à une configuration non optimisée, notamment en termes de garde au sol et écrasement au sol pendant la conduite, ce qui augmente la curiosité de savoir si et combien le 9X8 a progressé dans cet aspect. De plus, Peugeot est la seule équipe qui monte des pneus de largeur égale entre l’avant et l’arrière, d’une épaisseur de 310 mm, avec un équilibre mécanique et aérodynamique donc beaucoup plus vers l’avant que la concurrence. Sur le papier, cela devrait représenter un avantage important sur les coins de Spa, ainsi que la vitesse minimale de 40 km/h à laquelle l’hybride avant peut être activé par rapport à Toyota et Ferrari. Les quatre roues motrices pouvaient déjà être activées en virage dans des points tels que Pouhon, la chicane des Fagnes et Stavelot, permettant au constructeur français de rêver de 6 Heures de Belgique dans le rôle de troisième force derrière Toyota et Ferrari.