Le WEC connaît un moment de grande santé, avec de nombreuses marques de renommée mondiale comme protagonistes et d’autres à venir. Le succès du championnat tient à de nombreux facteurs : un règlement technique non prescriptif, qui offre de larges possibilités d’expérimentation ; coûts relativement faibles ; audience télévisée croissante. La prochaine manche sera les six heures de Monza, qui marqueront exactement un an après le retour de Peugeot en Championnat du Monde d’Endurance plus de dix ans après le glorieux programme 908 diesel. Le top management de Peugeot explique d’un point de vue interne les atouts du WEC qui ont favorisé le retour de la marque d’outre-Alpes.
Durabilité économique
Le sport automobile est par nature coûteux. La capacité des organisateurs à contenir les coûts et/ou à les équilibrer avec une rentabilité adéquate est à la base du succès ou non d’un championnat. Commentaires de Linda Jackson, PDG de Peugeot : « Tout ce que nous faisons, d’un hall d’exposition à la course, part d’une étude commerciale. Il doit y avoir un retour sur investissement. Nous voulons donner à l’équipe les moyens d’être efficaces, mais chaque programme doit être financièrement viable. Nous pensons que courir en WEC en vaut la peine, sinon nous ne le ferions pas. »
La comparaison avec la Formule 1 est inévitable, une autre catégorie qui attire petit à petit de nouvelles marques. Cependant, Peugeot n’a jamais envisagé d’entrer dans la série de formules. Jackson explique : « Le coût du billet pour entrer en Formule 1 elle n’est pas compatible avec le rendement économique. Vous devez faire des investissements énormes. La Formule 1 est très intéressante pour le public, mais aussi très chère à l’entrée. Pour notre part, nous devons regarder où se trouve le meilleur équilibre entre ce que nous voulons investir dans un programme et le rendement qui en découle ».
Aux propos du PDG s’ajoutent ceux de Jean-Marc Finot, vice-président senior de Stellantis Motorsport : « La structure de notre département sport automobile n’est pas en mesure de soutenir un programme de Formule 1. Au Mans, le personnel varie selon les constructeurs, mais il est d’environ 300 employés. En Formule 1, en revanche, il en faut plus de 1000 pour espérer gagner. De plus, d’un point de vue marketing, courir en Formule 1 n’est pas un gros avantage par rapport au WEC ». Ajoute encore Finot : « Le sport automobile est un outil de marketing et comme tous les autres, il doit être efficace ».
Plateforme de commercialisation
De son engagement en WEC, Peugeot tire un retour à la fois technologique et économique. Ce dernier est associé à l’augmentation de la notoriété de la marque dans le monde, mais pas seulement. « Prenons Le Mans par exemple »Spiega Linda Jackson. « C’est un grand événement pour nous et cela nous permet de travailler avec notre réseau de concessionnaires. Encore une fois, tu fais des affaires: nous prenons les commandes, nous vendons et en général nous apportons aide et motivation à nos concessionnaires, ou du moins aux français. C’est un autre retour sur investissement ».
L’organisation du championnat du monde d’endurance est du ressort de la FIA et de l’ACO, cette dernière étant d’origine française. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pourtant pas ce qui a motivé le retour de Peugeot, comme l’a révélé Jackson : « Le fait que le WEC intéresse Peugeot n’est pas dû à ses liens avec la France, mais justement parce qu’il est mondial, comme notre marque. Avoir Le Mans au calendrier est une valeur ajoutéemais pas la principale raison pour laquelle nous sommes ici. »
WEC : trois raisons valables
Enfin, le PDG de Peugeot résume les trois principaux points qui justifient la présence du lion dans le championnat, dont le premier est sa pertinence technologique : « Le WEC est un laboratoire technologique. Cela ne concerne pas seulement l’hybride, mais aussi les pneumatiques, l’aérodynamisme, les batteries, l’architecture électronique. Certaines de ces innovations sont déjà visibles sur la 508 PSE. Le premier bénéfice pour nos clients découlant de nos engagements dans le sport automobile est la possibilité de pouvoir tester ces technologies, puis de les transférer sur des voitures de série ».
« La deuxième raison pour laquelle nous courons en WEC est d’attirer de nouveaux clients », continue Jackson. « Il fait connaître Peugeot dans le monde entier. L’année prochaine, par exemple, nous courrons à San Paolo, ce qui est fantastique car c’est un marché où nous sommes présents et où nous voulons continuer à grandir ». De plus, grâce au WEC, Peugeot peut aussi communiquer avec les jeunes générations : « Il y avait plus de 300 000 spectateurs au Mans, ce qui montre qu’il y a toujours une passion pour le sport automobile. Je pense que c’est un très bon signe. Balade dans les circuits aussi on croise beaucoup de jeunes, dont on répète qu’ils ne s’intéressent pas aux voitures. Le Mans montre quelque chose de radicalement différent. C’est un grand signe. »
Cependant, le programme Peugeot 9X8 ne repose pas sur des motivations purement pragmatiques. En fait, avec le troisième point, la PDG se laisse aller à quelques considérations plus émotionnelles, à leur tour, cependant, entrelacées avec l’essence de la marque et les valeurs qu’elle veut transmettre à l’acheteur : « La troisième raison pour laquelle nous courons ici est notre passion. les trois valeurs fondamentales de Peugeot sont design, excellence et émotion. Notre conviction est que quelle que soit la voiture que vous conduisez, qu’elle soit hybride, électrique ou à hydrogène, elle doit toujours être un plaisir à conduire. » conclut Jackson.