Un vieux principe de l’économie dit que si le revenu ne compense pas les dépenses, il est rapide de faire faillite. Là Ferrari aujourd’hui n’a pas de problèmes capitaux au sens financier, mais humain oui. Parmi ceux qui sont déjà partis, volontairement ou non, qui partiront et qui, selon la presse, ont leurs valises en main, il semble que GeS pourra bientôt sous-louer la moitié des locaux à des familles nécessiteuses. En réalité ce n’est pas tout à fait le cas et surtout il faut distinguer les différentes figures professionnelles, entre « opérationnels » et « non opérationnels ». Ces derniers sont toujours et en tout cas précieux, mais comme Jean Todt l’a dit un jour à un attaché de presse : «Elle ne fait pas avancer la voiture plus vite”. Et l’autre en a pris note. Parmi les « non-ops », il y a ceux qui avaient déjà décidé de partir en janvier, peut-être parce que John Elkann exigeait un engagement sur le terrain au moins suffisant pour son salaire ; et qui, d’autre part, ne se reconnaissaient pas dans le nouveau projet.
Vasseur le Gaffeur, quelle horreur!
Qui sait ce que pensait Fred Vasseur lorsqu’il a déclaré à la presse (de son pays) que les sorties sont inévitables et concernent des personnes très proches de l’ancien TP Mattia Binotto. Une gaffe de communication qui ne s’explique que d’une seule façon : Vasseur est intelligent, expérimenté et expérimenté, mais il n’a toujours pas bien compris où il travaille désormais. Chez Ferrari, les mots doivent être pensés et surtout pesés. Je vais à l’encontre des intérêts des médias, mais il vaudrait mieux que Fred prenne l’exemple d’un autre de ses compatriotes, qui a tenu ce rôle et n’a rien dit aux journalistes, après les entraînements et les courses, qu’il n’était pas déjà au classement FIA. Quant à ces ‘peuples’, chacun a sa propre histoire. David Sanchez était à Maranello, en provenance de McLaren (aller-retour) quand Binotto ne s’occupait que des moteurs. Un temps, Sanchez a « chevauché » Dirk de Beer, un technicien sud-africain aux airs de professeur en voyage, sandales sur chaussettes et collation rapportée de chez lui. Si David pensait vraiment, peut-être sous pression, à partir depuis un certain temps, on ne sait pas comment dans GeS il n’a dit à personne ou à personne de le comprendre. Le fait est qu’un ingénieur sortant n’aurait pas dû être présent dans les stands lors des essais et de la course 1, où, entre autres, l’équipe a effectué des tests aérodynamiques que je qualifierais de tardifs. Pourtant, on lui doit la phrase célèbre dans le débriefing d’un GP de France en faillite : « Ce n’est pas que le nouveau fonds a mal fait, c’est que l’ancien a trop bien fait”.
Personne n’est indispensable, mais…
Laurent Mekies était en fait le bras droit de Mattia. Bras discret cependant, travailleur acharné et assez malin pour ne pas se mêler de questions techniques, lui qui connaît bien les machines notamment du point de vue du respect des règles. Je vais me tromper, mais je pense que Ferrari ferait bien de le garder, au moins pour un moment. Enrico Cardile – un autre nom évoqué par les médias – avait suscité quelques méfiances (ou peut-être des jalousies) en prenant ses fonctions de responsable de l’aérodynamique, lui qui venait du secteur routier. Cependant, il a eu l’intelligence d’endosser le projet SF70H, la monoplace de 2017 qui a fait référence avec des prises d’air horizontales et surélevées, même s’il n’était pas entièrement convaincu, au départ, du bien-fondé de la solution proposée (par Sanchez ). Cette voiture était presque parfaite en termes d’appui et d’équilibre aérodynamique – celle de 2018 un peu moins – et beaucoup de personnes en discussion aujourd’hui l’avaient mise au monde. Chez Ferrari, cependant, il y a toujours le couperetaujourd’hui diplomatiquement appelé ‘système des dépouilles‘. Mais quand Gigi Fraboni, responsable moteur en piste, lors d’un dîner espagnol dit à Binotto, alors DT, ‘si vous n’en aimez pas un, vous le sortez‘, ce n’est pas comme si cette blague lui avait coûté son travail une fois que Mattia est devenu directeur de l’équipe. Bref, les individus doivent être protégés.
Alternatives ou navigation visuelle ?
De deux choses l’une : soit à Maranello ils ont une liste de personnes déjà confirmées pour entrer, ainsi que des sortants, soit ils naviguent à vue. Et c’est regrettable, dirait Inzaghi, car cela confirmerait les nombreuses rumeurs de mésentente interne entre Vasseur (que beaucoup retiendraient peut-être) et le PDG Benedetto Vigna. Qui connaît les gens de GeS surtout de par des entretiens internes et probablement de ce qu’on lui rapporte, mais il n’est pas (et Dieu nous en préserve, vu son rôle) un opérateur de terrain. Bref, ce n’est pas une situation facile, et il est difficile de comprendre pourquoi la situation n’a éclaté que maintenant entre les mains de Vasseur. Il y aurait une solution sur laquelle tout le monde serait d’accord : se présenter à Jeddah avec une voiture dont je ne dirai pas qu’elle est gagnante, mais capable de faire bonne impression même hors pénalités. Oui, bien sûr, c’est la voie la plus difficile : mais cela ferait taire bien des voix.