Onze équipages en première classe. La dernière fois que le WEC a enregistré des chiffres similaires remonte à 2015, faisant de l’édition 2023 des Mille Miglia l’événement le plus attendu de ces dernières années. Une grille de départ où l’on parle beaucoup l’italien compte tenu de la présence de FerrariDe Glickenhausdont le siège opérationnel de Podium Engineering est situé dans la Vallée d’Aoste, della Dallara-Cadillac et la Peugeot 9X8, dont l’inverseur est fabriqué Marelli. Toyota, fort de l’expérience acquise ces dernières années, est au départ le grand favori, mais à partir de cette année, chaque erreur sera lourdement payée.
La piste
Aménagé dans un ancien aéroport, l’hippodrome de Sebring mesure 6 019 mètres, reliés par 17 virages dont 10 à droite et 7 à gauche. La voie des stands est décalée par rapport à la ligne droite de départ, mais la vraie particularité du circuit de Floride est la surface de la route. « Respectez les bosses » est le mantra de tout pilote qui s’essaie à Sebring. La chape d’asphalte, déposée pour supporter les bombardiers lourds américains pendant la Seconde Guerre mondiale et l’immédiat après-guerre, est parsemée de bosses et de creux. Tout cela pose l’accent mis sur la mécanique des voitures, nécessitant des réglages souples capables en même temps de préserver l’usure des pneus sur la surface bien particulière. La conduite est tout aussi exigeante pour les pilotes, appelés à mémoriser toutes les bosses, y compris celles hors trajectoire dans les phases de tours, à être prudents sur les gaz puis à enfoncer la pédale dès que les points les plus critiques sont passés.
La course se déroulera sur la distance Mille Miglia, avec le délai de huit heures. Le départ est prévu à 12h locales, avec une arrivée peu après le coucher du soleil, vers 20h, c’est pourquoi la piste va lentement se refroidir, améliorant son adhérence. Pour la première fois dans l’histoire du WEC à Sebring les équipes ne pourront pas utiliser de chauffe-pneus, interdit par le règlement 2023. Le tour hors des stands avec des pneus froids devient particulièrement critique et déjà lors des essais nous avons vu comment cela peut provoquer des accidents. La dynamique de la course pourrait également changer : allonger les relais d’un tour sur les adversaires aiderait à mettre en place un overcut, gagnant la position dans les stands grâce au tour supplémentaire en pneus chauds. Toujours au sujet des pneus, chaque équipage Hypercar en aura à sa disposition 26 et participer aux qualifications et à la course. Enfin, le score attribué au vainqueur sera de 38 points et non de 25 points comme dans les courses de 6 heures.
Le défi en Hypercars
Toyota vient de rentrer d’un prologue dans lequel il a joué le rôle de protagoniste absolu. La concurrence est forte, mais il faudra du temps pour atteindre le niveau des champions du monde en termes de réglages, de gestion électronique, de connaissance des pneus, de stratégies et de procédures. Pour cette raison, il conviendra d’avoir un jugement extérieur pour attribuer les défauts d’une éventuelle domination de Toyota à un Équilibre des performances déséquilibré. En fait, la tâche de la BoP est d’équilibrer les différentes caractéristiques techniques des voitures, sans pour autant aplatir les mérites et les défauts du travail effectué sur les réglages. En revanche, il faudra également un certain temps à la FIA et à l’ACO pour mieux calibrer la Balance de Performance sur sept constructeurs différents, c’est pourquoi les paramètres pourraient être revus en cours de saison. Se penchant déjà sur le BoP de l’édition 2022, Toyota a été approché en termes de paramètres à Glickenhaus, signe d’une Fédération qui continue d’apprendre de ses erreurs, en gardant toujours à l’esprit que l’équilibre des performances est basé sur la performance et non sur résultats.
Seuls les outsiders pourraient devenir une source de pression pour Toyota. La gestion de la lutte interne entre le GR010 #7 et le champion du monde #8 ne sera pas aussi aisée, étant donné qu’il ne comptera plus seulement le choc direct, mais aussi les points conquis par rapport aux concurrents. De plus, si Toyota confirme la supériorité constatée lors des essais, les stratégies du mur des stands seraient encore influencées par ce qui se passe à l’arrière, afin de ne pas sortir dans le trafic avec tous les risques qui en découlent. Le verdict du drapeau à damier ne sera finalement pas forcément le même qu’il l’a été tout au long de la saison. Les hiérarchies peuvent changer au fur et à mesure que les différentes Ferrari, Porsche, Peugeot, Cadillac, Glickenhaus et Vanwall accumulent de l’expérience, sans oublier que Sebring est une piste atypique dans le calendrier.
Lmp2 et GTE-Am
L’attention à Sebring se concentrera sur la catégorie reine, mais Lmp2 et GTE-Am continueront également à courir sur la piste, qui a fourni tant de divertissements ces dernières années. Cependant, les deux classes seront orphelines des champions en titre. En Lmp2 Will Stevens est le seul champion du monde à figurer dans l’équipage de la voiture Hertz Jota, Da Costa et Gonzales étant notamment absents, tandis qu’en GTE-Am l’Aston Martin de TF Sport est totalement absente. En revanche, la Lmp2 sera pour certains une répétition générale en vue du saut dans la catégorie reine en 2024. C’est le cas, par exemple, des pilotes officiels Lamborghini, Andrea Caldarelli et Mirko Bortolotti, qui défendra les couleurs italiennes à bord de l’équipe Prema. Un programme similaire est également partagé par André Negrao et Mathieu Vaxivierre, toujours avec Alpine en attendant l’arrivée du Lmdh. Le GTE-Am accueille enfin le Corvette C8.Rqui rejoint les déjà présentes Aston Martin, Ferrari et Porsche, dont la Balance des Performances est pratiquement inchangée.
En classe Lmp2 le temps de conduite minimum pour les pilotes de bronze et d’argent, il est d’une heure et quarante minutes, passant à deux heures et vingt en GTE-Am. Les prototypes de deuxième catégorie disposeront également de vingt-six pneumatiques chacun pour boucler les qualifications et la course, tandis que les GT pourront compter sur 34 pneumatiques. Les regards se portent donc aussi sur Lmp2 et Gran Turismo, même s’il sera difficile de détourner l’attention d’une flotte de starters en Hypercars trop longtemps attendue.